Coup de projecteur sur le chapitre 16: Religions et progrès social

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Les communautés religieuses peuvent porter des valeurs de solidarité et d’estime mutuelle, œuvrer pour le bien-être de tous et faire preuve de générosité. Il arrive, aussi, qu’elles constituent des espaces où les fondements moraux d’une société et les facteurs de progrès sont débattus et critiqués.

Les religions s’opposent parfois à la dignité humaine ou à l’égalité entre tous lorsqu’elles se dressent contrent les droits des femmes, restreignent la liberté d’expression ou entravent la démocratie… Car les mêmes mécanismes qui créent des solidarités religieuses génèrent leurs propres limites à la tolérance ou à l’éducation. Les pratiques cultuelles doivent donc être observées en fonction de leurs particularités locales, afin d’évaluer si elles peuvent, ou pas, contribuer à l’épanouissement humain.

L’imbrication des destinées humaines et collectives

Comprendre l’influence de la religion dans la société et en évaluer les conséquences sur le progrès social exige une « boussole » multidimensionnelle. Progrès et tradition religieuse ne sont pas nécessairement antithétiques, notamment dans les contextes africains où la quête permanente d’une vie utile se situe au centre de nombreuses cosmologies. De la naissance à la mort, chacun doit se réjouir des bienfaits de l’existence, de son patrimoine, de ses enfants. Ces étapes forgent la destinée de tout individu, avec des rites de passage, des processus de socialisation, des fêtes et des cérémonies. De surcroît, il existe des attentes sur la façon dont ce parcours doit s’accomplir : dans la plupart des communautés, mourir jeune avec dignité est préférable à une longue vie dans la pauvreté et le désir. Les bienfaits accordés à chacun sont destinés à renforcer et à soutenir les structures communes : toute personne qui cherche à acquérir de telles bénédictions sans les intégrer au sein de la collectivité est condamnée. L’épanouissement, à la fois individuel et social, est ainsi intimement lié à la vie rituelle de la société.

La nécessaire vision globale

L’exemple de l’Afrique nous apprend beaucoup. Nous pouvons parler de richesse suffisante pour vivre une existence agréable, en paix et en toute tranquillité entre voisins. Nous pouvons évoquer la participation à une communauté dans le partage des responsabilités, en harmonie avec la terre elle-même. Dans le même temps, nous devons reconnaître que ces valeurs dépendent souvent de contraintes rituelles prévues dans des pratiques religieuses.

Le progrès social exige qu’une société délibère de ses jugements moraux. Il ne s’agit pas simplement de trouver la bonne formule et de s’y tenir, mais d’imaginer l’avenir au-delà de soi-même, au-delà du quotidien. Le progrès a une signification et des buts qui impliquent, implicitement, une dimension morale. S’il existe de nombreuses façons de l’envisager, une grande partie de la population mondiale le conçoit au travers de communautés et de rituels religieux.

Cette dimension morale et ces rituels sont, parfois, en désaccord avec des normes venant d’experts extérieurs. Les autorités religieuses peuvent alors s’opposer et même bloquer des changements nécessaires à l’épanouissement de leur communauté. Il convient donc d’évaluer tout à la fois ces conflits et la façon, souvent négligée, dont ces croyances et ces pratiques contribuent au progrès social.

 

La problématique de la relation complexe entre les religions et le progrès social
fait l’objet du chapitre 16 du rapport, qui sera accessible fin août sur le site.