Une monnaie verte?
by IPSP | Sep 24, 2016 | Forum | 7 comments
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ConsensusHélène Nivoix on October 13, 2016 at 7:24 pm
Bonjour à toutes et à tous,
Avez-vous entendu parler des monnaies complémentaires ?
Et connaissez-vous l’agriculture de régénération, son potentiel pour accroître le bien-être planétaire ?
Et si, au lieu de « couper la branche sur laquelle nous sommes assis », nous nous faisions une alliée de la nature ?
Voici une idée originale favorisant la convergence entre l’écologie et l’économie :
L’ONU devrait lancer une monnaie internationale dédiée au rafraîchissement de la Terre et à l’alimentation des peuples. Nous pourrions appeler cette monnaie complémentaire mondiale “Le Crocus”.
Principe: la masse monétaire est indexée sur la biomasse vivante saine des terres émergées de la planète (la biomasse de l’océan n’est pas prise en compte, car trop compliquée à mesurer précisément).
Qu’entend-on par « biomasse saine » ? L’agriculture paysanne, l’agroécologie, l’agroforesterie, la permaculture, tous les milieux naturels. En sont exclus : la monoculture, les OGM et l’agriculture industrielle, les fermes-usines ainsi que les cultures hydroponiques.
En conséquence, plus la végétation saine s’accroît (la permaculture est utilisée, des arbres sont plantés, les sols sont régénérés, les milieux naturels et les forêts sont préservés), plus la masse monétaire est augmentée.
C’est une division de l’ONU, le FMO (Fonds monétaire organique) qui fournit les crocus aux pays volontaires entrant dans le dispositif.
Seules les personnes physiques impliquées dans l’accroissement et la préservation de la biomasse peuvent percevoir des crocus : agriculteurs, employés agricoles, gardes forestiers et scientifiques sur le terrain. Ils les échangent soit contre une monnaie locale, soit contre la devise de leur pays. Les crocus ainsi rachetés par le gouvernement vont amorcer d’autres projets d’accroissement de la biomasse.
Le taux de change est fixé par l’ONU, de sorte que le crocus ne peut pas donner lieu à des mouvements spéculatifs.
Avec cette monnaie écologique, nous pourrions enclencher un cercle vertueux !
– le soleil donne son énergie gratuitement,
– les écosystèmes naturels et les agro-écosystèmes riches et diversifiés fournissent leurs services en abondance,
– l’effort humain consiste alors à travailler avec la nature et non contre elle,
– ainsi la biomasse vivante saine s’accroît, tempére le climat, sauve la biodiversité, fournit à toute personne volontaire de la nourriture, du travail et un revenu complémentaire sous forme de crocus.
Ce système monétaire parallèle est le moyen de valoriser la nature autrement qu’en la détruisant. Comme c’est sa générosité qui engendre la monnaie, les humains ont tout intérêt à la protéger et à la cultiver le plus écologiquement possible. Nous sommes ici aux antipodes de l’agriculture industrielle mortifère actuelle.
On pourrait résumer ce principe ainsi :
« Avec le Crocus, c’est la monnaie qui est achetée par la nature et pas la nature qui est achetée par la monnaie »
En permettant à l’humanité de s’allier avec la force de la Vie, ne croyez-vous pas que le crocus serait une monnaie vraiment astucieuse pour la santé de notre petite planète bleue et verte ?
J’irais même jusqu’à dire que ce serait une révolution douce, peut-être bien celle que le monde attend pour donner enfin le meilleur de lui-même.
N’hésitez pas à vous exprimer !Pour plus de détails, voir :
La monnaie Crocus, ou le plus court chemin vers une révolution douce et « smart » !
https://drive.google.com/file/d/0BygD7EaNYj4LaS1QMGlqWm9GTVkThe shortest way to a soft and smart revolution: the Crocus Currency!
https://drive.google.com/open?id=0BygD7EaNYj4LejRVOEVrQ2xlc1E¡El camino más corto para una revolución suave e inteligente: la moneda Crocus!
https://drive.google.com/open?id=0BygD7EaNYj4LLWhHd0piM1lKRlk-
ControversialMarc Fleurbaey on October 16, 2016 at 2:35 pm
Comment votre proposition se compare-t-elle à cette de “positive pricing” de Jean-Charles Hourcade et co-auteurs dans “Moving the trillions” ?
http://www2.centre-cired.fr/IMG/pdf/moving_in_the_trillions.pdf-
ControversialHélène Nivoix on October 16, 2016 at 9:48 pm
Le crocus est complémentaire à la fois de la diplomatie climatique actuelle et des divers dispositifs d’ingénierie financière envisageables pour financer la transition énergétique et bas-carbone.
Pourquoi ?
Parce qu’il se situe sur un tout autre plan, et donc, il les complèterait harmonieusement.
A la fois dans le temps (sa mise en place peut être rapide, son efficacité immédiate) et dans “l’espace”, la “géographie” des différentes mesures de politique économique sur lesquelles il n’empiète pas, car il se limite à impulser l’accroissement de la biomasse vivante saine des terres émergées.
Remarquons que cette dernière donnée est purement physique, donc claire, lisible, et ne pouvant donner lieu qu’à des interprétations et des controverses très marginales, contrairement par exemple à la notion floue de “coût social du carbone”.
En outre, le crocus est, à dessein, déconnecté des fluctuations du système monétaro-financier actuel.
A la base de cette idée de monnaie complémentaire écologique, il y a l’urgence de sauver le climat, la biodiversité et les grands équilibres planétaires, car la situation est critique.
Voilà pourquoi c’est un outil à part, au carrefour de l’écologie et de l’économie.
Cette incitation financière universelle à augmenter la biomasse (avant tout la végétation et les sols), ciblée exclusivement sur les personnes physiques, ne coûterait rien à la collectivité humaine, à part la création d’une nouvelle branche (c’est le cas de le dire!) de l’ONU et la mise en place des instances scientifiques chargées d’évaluer l’accroissement de la matière vivante présente sur les cinq continents, ce que les écologues savent parfaitement bien faire.
Ses effets directs (dont l’indispensable infléchissement du taux de CO₂ dans l’atmosphère) et indirects (notamment sur la faim, le chômage, la stabilisation des populations) seraient extrêmement bénéfiques.
Pourquoi alors se priver d’un tel “outil monétaro-écologique” complémentaire de l’économie classique, et qui, s’adressant directement à notre rapport à la terre nourricière, fédérerait les énergies humaines par-delà les frontières ?
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ControversialHélène Nivoix on October 17, 2016 at 10:17 am
Deux articles très intéressants à signaler, parus tout récemment sur la revue en ligne ParisTech Review (qui “publie, sur des sujets d’intérêt mondial, des articles reflétant une pensée rigoureuse, libre et pénétrée par le sens de l’intérêt collectif. ParisTech Review vise à être un véritable laboratoire où se construit, sur les sujets majeurs de notre époque et autour des innovations technologiques, un débat honnête et rigoureux, dénué de toute référence idéologique ou politicienne.”) :
Climat : le temps des investisseurs (par Vincent Champain)
http://www.paristechreview.com/2016/01/17/climat-investisseurs/
et
Obligations vertes : pourquoi les États entrent dans la danse (par la rédaction)
http://www.paristechreview.com/2016/10/14/obligations-souveraines-vertes/?utm_campaign=Derniers+articles+FR&utm_medium=email_eCircle&utm_source=Global+FR -
ControversialHélène Nivoix on October 21, 2016 at 7:16 am
Lu dans Les Echos de ce matin : “L’instauration d’un prix plancher du carbone en passe d’être abandonnée” (en France, par François Hollande, en raison du chantage à l’emploi des fournisseurs d’énergie… cf http://www.lesechos.fr/paris-climat-2015/actualites/0211413904928-linstauration-dun-prix-plancher-du-carbone-en-passe-detre-abandonnee-2036795.php#xtor=RSS41)
Puisqu’on ne sortira jamais volontairement des énergies fossiles, trouvons vite une autre astuce ! Pour favoriser la diminution du taux de carbone dans l’atmosphère bien en dessous de 350 ppm, il est urgentissime de comprendre que la photosynthèse est l’outil le plus puissant car il permet de remettre le carbone dans la biomasse. Avec beaucoup d’autres effets positifs.
D’où l’idée d’indexer une monnaie internationale, le Crocus, sur la quantité de matière vivante saine au mètre carré, donnée attestée par la communauté scientifique, cf http://bit.ly/2ezUGAh
Ce serait une incitation formidablement efficace, et le moyen que chaque humain participe au sauvetage de l’écosystème-terre. -
ControversialHélène Nivoix on November 4, 2016 at 12:14 pm
Article passionnant paru dans The Conversation* :
“Mobilité électrique, énergie solaire et reboisement : comment la Chine s’efforce de passer au vert”
qui commence ainsi :
“La Chine est régulièrement décrite comme le mauvais élève de la protection de l’environnement.”
… mais dans lequel on peut lire plus loin :
“Une autre politique environnementale d’ampleur en Chine concerne son objectif de reforestation (laquelle) offre de multiples avantages : lutte contre les tempêtes de sable et de vent, contre l’érosion, maintien des biotopes locaux, lissage des écarts de température et stockage de carbone.”
“Dans certaines provinces et en collaborant avec des acteurs internationaux au niveau local, le gouvernement a par exemple proposé une alternative à la mise à mal des forêts en rémunérant les communautés qui en dépendent pour les protéger. Cette logique d’empowerment dépend de la continuité de l’afflux en subventions en provenance d’un État centralisé à l’extrême, mais elle semble pertinente au niveau local car elle présente un intérêt direct aux agents concernés.”
N’est-ce pas tout à fait en phase avec la proposition du Crocus ?!
* 2 novembre 2016, par Arnaud Koehl (PhD student in Environmental Health, Imperial College London) en collaboration avec Thomas Chaudron (acteur du développement du secteur solaire à Singapour et spécialiste de la Chine)
https://theconversation.com/mobilite-electrique-energie-solaire-et-reboisement-comment-la-chine-sefforce-de-passer-au-vert-66700? -
ControversialHélène Nivoix on November 24, 2016 at 3:24 pm
A propos de la problématique de la “financiarisation” de la nature, encore un article passionnant à signaler, publié tout récemment dans The Conversation :
Arrêtons de parler de « capital naturel », la nature n’a pas de prix !
https://theconversation.com/arretons-de-parler-de-capital-naturel-la-nature-na-pas-de-prix-66874
ou :
Nature is priceless, which is why turning it into ‘natural capital’ is wrong
https://theconversation.com/nature-is-priceless-which-is-why-turning-it-into-natural-capital-is-wrong-65189Je suis profondément en accord avec les auteurs de cet article, et s’agissant du projet de monnaie Crocus, celui-ci ne vise absolument pas à donner un prix à la nature pour la rendre monnayable, c’est tout le contraire.
Extrait du “mémo” :“Question : Est-ce que le Crocus ne revient pas à donner un prix à la nature ?
Réponse : Non, car ce qui entre en ligne de compte pour générer le crocus, c’est une biomasse vivante, diversifiée, et qui s’accroît.
Pour illustrer l’enjeu planétaire, prenons une image liée à notre vie de tous les jours : considérez un verger que vous avez hérité de vos grands-parents paysans, ou bien un espace vert de votre commune.
Si vous le vendez (ou si la commune fait un lotissement), vous touchez une somme, mais celle-ci va partir dans l’économie et au bout d’un moment, “en fin de compte”, va s’épuiser.
Par contre, si vous en faites une micro-ferme permaculturelle habilement zonée en fonction de l’ensoleillement et du terrain, avec maison et dépendances, potager, forêt-jardin étagée, haies comestibles, poules et canards, mare et poissons, ruches, en gardant les fruitiers bien sûr… Non seulement vous touchez tous les ans des crocus, mais vous n’avez plus du tout envie de vendre le terrain en question. Parce qu’il vous nourrit, vous emploie à temps partiel, fait vivre la communauté alentours (artisans pour les services, enseignants pour vos enfants, artistes pour le plaisir, etc., avec une monnaie locale sociétale évidemment), et vous donne du bonheur.
Donc, nous ne sommes pas dans le schéma où la nature est juste un bien auquel on attache une valeur financière, qu’on achète ou vend. Votre bout de terrain devient… inestimable.”
Enfin, pour conclure, voici quelques mots de l’écologiste américain John D. Liu * :
« Il est clair à présent que l’économie est la source des problèmes d’aujourd’hui. Il y a beaucoup d’hypothèses économiques qui sont tout simplement fausses. Quand des économistes nous affirment que l’extraction de matières, ou la fabrication, l’achat, la vente d’objets peuvent créer de la richesse, ce sont des stupidités. Nous créons de la pauvreté en faisant cela. Et nous dégradons les écosystèmes. Donc très peu de gens, une infime minorité de personnes, accumulent les possessions matérielles dans ce système tandis que des milliards de personnes vivent dans une pauvreté abjecte, aux marges de grands écosystèmes dégradés. D’autres ne peuvent même plus rester dans leur maison, et des millions de personnes émigrent pour échapper à d’horribles conditions de vie. Tout cela n’est pas viable. Cela doit changer.
Ce que je constate, c’est que la fonction écologique est beaucoup plus précieuse que l’extraction, la production, la consommation, l’achat ou la vente de biens matériels. Ce à quoi nous devons vraiment réfléchir, c’est : « Qu’est-ce que l’argent ? »
Si j’avais une seule chose à dire à ce sujet, c’est la suivante : l’argent, c’est essentiellement une valeur, un moyen d’échange, et une preuve de confiance. Cela signifie qu’en tant que concept abstrait, l’argent peut être tout ce que nous voulons qu’il soit. Si nous décidons que l’argent est relié à la fonction écologique des écosystèmes, au lieu d’exprimer l’extractivisme, ou l’achat et la vente de l’objets manufacturés, nous avons alors un système dans lequel tous les efforts humains vont vers la restauration, la protection et la préservation de la fonction écologique. C’est comme cela que nous pourrons le mieux nous adapter au changement climatique, tout en l’atténuant, et que nous assurerons la sécurité alimentaire, permettant aux civilisations humaines de survivre. Notre système monétaire doit donc impérativement refléter la réalité. Ce serait synonyme de croissance, non pas matérielle, mais de ccroissance de la fonctionnalité vitale. Si nous faisons cela, si nous valorisons plus la fonction écologique que les biens matériels, alors nous survivrons. »* Extrait (traduit par mes soins) de l’interview en anglais : Meet John D. Liu, the Indiana Jones of Landscape Restoration | Regeneration International http://regenerationinternational.org/2016/03/07/meet-john-d-liu-the-indiana-jones-of-landscape-restoration/
Pour favoriser la transition écologique, on pourrait mettre en place des innovations financières. L’une d’elle consiste à créer une monnaie dont la masse dépend de l’environnement, et qui serait distribuée de façon à récompenser les personnes impliquées dans la protection de la nature. Une idée voisine associerait la création de monnaie à la distribution de crédits pour l’investissement dans les énergies renouvelables et l’écologie. On peut sans doute imaginer encore d’autres formules. Dans tous les cas, le financement par la création monétaire éviterait de recourir à des taxes écologiques trop fortes, qui pénalisent les plus défavorisés. Que pensez-vous de cette idée?
(Thème proposé par Hélène Nivoix)